La vision de l’Espagne de la première moitié
du XIXe siècle dans la Géographie
Universelle de Conrad Malte-Brun
Jean-Yves Puyo
Université de Pau et des Pays de l’Adour
jean-yves.puyo@univ-pau.fr
Resumen
Grande figure de la géographie
française —et européenne— du premier quart
du XIXe siècle, Conrad Malte-Brun laisse une
oeuvre scientifique écrite considérable, dont
une vaste Géographie universelle qui marqua
alors son époque, rééditée à de multiples reprises
durant plus de 50 ans. Contrairement
à Élisée Reclus, autre grande figure de la
seconde moitié du XIXe siècle, les écrits de
Malte-Brun demeurent mal connus, sinon mésestimés.
Or, à travers le fil conducteur que représente
le chapitre de sa Géographie univer-
Vegueta. Número 12. Año 2012
Anuario de la Facultad de Geografía e Historia
Universidad de Las Palmas de Gran Canaria
ISSN 1133-598X. Páginas 23 a 36
selle consacré à l’Espagne, nous avons pour
objectif de montrer que son auteur a su dépasser
la simple dimension descriptive caractérisant
nombre de textes géographiques de son
époque pour introduire une réelle dimension
explicative. Rien que pour cela, il mérite très
largement, à notre sens, d’être redécouvert…
Palabras clave
Conrad Malte-Brun - Espagne - Géographie
universelle - histoire de la géographie.
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 24 La littérature française de la première
moitié du XIXe siècle, à travers le mouvement
romantique, nous a laissé de nombreux textes
relatifs à la description du Royaume d’Espagne
(Victor Hugo, Alexandre Dumas, Théophile
Gautier, Edgar Quinet, etc.). Par contre, à notre
connaissance, on s’est très peu intéressé à la
production géographique française consacrée
à ce même thème. Il faut dire que traiter un tel
sujet n’est guère aisé, la communauté géographique
française, du moins pour cette période,
étant multiple dans ses composantes et ses
pratiques. D’une part, on relève un tout petit
nombre de quelques géographes “professionnels”,
vivant de leurs écrits (les Conrad Malte-
Brun, Vivien de Saint-Martin ou encore Élisée
Reclus) - et d’autre part, les lourds bataillons
des géographes “amateurs”, vaste corporation
plus ou moins structurée par les nombreuses
sociétés locales françaises de géographie1 et
rassemblant tous ceux qui se toquent de géographie
et / ou produisent une connaissance
de nature géographique : les explorateurs, les
aventuriers, les militaires en poste aux colonies,
les commerçants, les missionnaires, etc2.
Parmi les géographes professionnels,
Conrad Malte-Brun (1775-1826), pour la période
antérieure à 1850 siècle, a publié une Géographie
universelle3 , à savoir un tableau complet
de l’ensemble du monde, démarche pour
la France qui ne s’est concrétisée que quatre
fois durant les deux derniers siècles4 . Ce type
de publication constitue non seulement de précieuses
descriptions du monde mais exprime
aussi l’état des connaissances géographiques
de leur époque. Danois d’origine, Conrad Malte-
Brun se réfugie en France, banni de son
pays en décembre 1800 pour avoir soutenu
les idées de la Révolution française. Rapidement,
grâce à de forts appuis politiques et
scientifiques, dont une collaboration fructueuse
avec le grand géographe français de cette
époque, Mentelle5 , il devient rédacteur au sein
de l’influent Journal des Débats (1806). Il édita
par la suite les Annales des Voyages, de la
géographie et de l’histoire (1807), s’attachant
en parallèle à la publication d’ouvrages géographiques
qui se vendaient alors fort bien6.
Par son poste de premier secrétaire de la Société
de Géographie de Paris nouvellement
fondée en 1821, Malte-Brun brille au sein de
la société scientifique française, en côtoyant
des premiers adhérents aussi illustres que
Cuvier, Laplace, Gay-Lussac ou encore Humboldt.
Aussi peut-on considérer que le chapitre
de son Précis de Géographie universelle
consacré à l’Espagne reflète significativement
la perception du royaume voisin par la société
intellectuelle et scientifique française de ces
années 1820. Aussi essayerons nous de mettre
en évidence justement ce regard porté par
l’intelligentsia française sur le voisin espagnol
au sein d’un texte qui servira par la suite
de référence pour la communauté géographie
française jusqu’à la publication la Géographie
universelle d’Élisée Reclus, plus d’un demisiècle
plus tard.
Justement, ces vingt dernières années,
plusieurs travaux de géographes espagnols
comme ceux de Térésa Vicente Mosquete
(1987, 1991, 1997) ou encore les écrits de
Jacobo Garcia Álvarez et de Nicolás Ortega
Cantero (2006) se sont attachés à étudier
l’impact d’Élisée Reclus sur la géographie espagnole
“moderne”, tant sur le contenu disciplinaire
que sur les pratiques pédagogiques.
À l’opposé, Conrad Malte-Brun, au regard de
son oeuvre écrite volumineuse, demeure un
auteur encore bien peu étudié, tant en France
qu’ailleurs, rejeté dans les oubliettes de
l’histoire de la géographie française par quelques
jugements lapidaires7. On relève toutefois
une notice bibliographique (critique) que
lui dédie Numa Broc8 en ainsi qu’un long travail
d’analyse signé par Anne Godlewska9.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que notre
personnage ne sied guère à ce dernier au-
Conrad Malte-Brun
V
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 25
teur, seule son infatigable activité de promotion
de la discipline géographique étant mise
à son crédit. Pour le reste, Malte-Brun aurait
eu “tout faux”, notamment en excluant la géographie
du domaine des sciences naturelles,
et en retardant de même sa réforme en tant
que “science sociale”10. De même, toujours
pour Anne Godlewska, il aurait rejeté tout recours
à l’hypothèse mais aussi à l’observation
directe. Enfin, pire que tout peut-être, du poids
important joué par l’homme sur la géographie
française des deux premiers tiers du XIXe siècle
—par son implication directe ou par le biais
de ses disciples (Bory de Saint-Vincent, Lavallée,
Vivien de Saint-Martin, son propre fils
Victor, entre autres)— découlerait directement
l’état “souffreteux”» de cette discipline.
Notre objectif, dans le cadre de cette
petite recherche, ne vise toutefois pas à réaliser
une antithèse exhaustive de l’argumentaire
de notre collègue mais plutôt de montrer en
quoi les écrits de Conrad Malte-Brun constituent
en ce début du XIXe siècle un apport,
certes modeste mais néanmoins novateur,
pour la connaissance de l’Espagne. Enfin,
plus modestement, cette étude s’inscrit dans
un mouvement récent de redécouverte de
la géographie française du XIXe siècle —à
l’exemple des travaux de Vincent Berdoulay,
Numa Broc, Paul Claval, Anne Godlewska,
Marie-Claire Robic, Hélène Blais, Isabelle Laboulais,
etc. —encore trop mésestimée.
Une Espagne Demeurant Alors Bien Mal
Connue des Géographes Fraçais
Au tout début du XIXe siècle, l’Espagne
et plus généralement la péninsule ibérique
constituent un espace des plus mal connus.
Ainsi, Conrad Malte-Brun, dans une note consacrée
à la relation d’un ouvrage consacré aux
voyages de M. d’Audebard de Férussac en
Espagne, souligne combien les observations
réalisées in situ par l’auteur seront précieuses
[…] pour compléter la description d’un pays si
voisin de la France, et qui nous est encore plus
imparfaitement connu que la Sibérie11 .
Cette méconnaissance géographique
des espaces ibériques constitua par ailleurs
un véritable problème posé aux stratèges
militaires français au moment de l’invasion de
1808. Ainsi, à leur entrée en Espagne, les armées
napoléoniennes ne possédaient que fort
peu de documents cartographiques relatifs à
la zone de conflit et de plus, de qualité médiocre,
reflet fidèle des lacunes de la cartographie
espagnole de ce début de siècle. Comme
nous l’avons montré dans des recherches
précédentes12, l’intérêt pour la connaissance
géographique du voisin espagnol, après la fin
de la guerre de Succession d’Espagne (Traité
d’Utrecht), s’était considérablement estompé
avant que des problèmes récurrents de contestations
frontalières durant les années 1770
et 178013 puis les guerres de la République
ne fassent du royaume voisin un “ennemi potentiel”,
et de la Péninsule ibérique, un théâtre
possible d’opérations pour les armées françaises.
En effet, suite au déclenchement (le 10
août 1792) d’un conflit avec l’Espagne, la zone
allant du piémont pyrénéen nord jusqu’au
bassin de l’Ebre se retrouva, pour presque
3 années, au premier plan des préoccupations
géostratégiques des militaires français,
au même titre que les frontières nord et est
du pays. La série de désastres militaires qui
s’en suivit pour les troupes espagnoles (prises
d’Irun, Fontarabie, Saint Sébastien, Bilbao,
Vitoria, Figueras, Rosas) conduisit à une demande
de cessation des hostilités, conclue
par la signature du Traité de Bâle, le 22 juillet
1795. Ce nouvel intérêt militaire se matérialisa
alors par la multiplication de cartes et rapports,
oeuvre notamment des ingénieurs-géographes
militaires détachés aux Armées du Midi et des
Pyrénées, tant sur le front du Roussillon qu’au
Pays Basque. Bien qu’en très petit nombre, ils
produisirent de nombreux documents cartographiques
de qualité, notamment signés par
Junker, ingénieur-géographe, ancien membre
de la commission de délimitation franco-espagnole,
rattaché en 1791 à l’Armée des Pyrénées
occidentales14. Hormis ces documents
récents mais qui se limitaient à la zone frontalière
pyrénéenne, les ressources cartographiques
du Dépôt général de la guerre relatives à
la Péninsule ibérique s’avéraient bien limitées
et en plus, de qualité discutable. En premier
lieu, pour la zone nord de la péninsule ibérique,
à savoir approximativement la rive gauche
de l’Ebre, nous retrouvons la “vieille” carte
des Monts Pyrénées et partie des Royaumes
de France et d’Espagne publiée en 1730, oeuvre
de ingénieur-géographe Roussel, associé
à un ingénieur des fortifications, La Blottière.
Résultat de presque 15 ans de travaux, elle
est constituée d’un assemblage de 8 feuilles,
à l’échelle au 1:216 000. Le résultat final fut
toutefois jugé déjà décevant à l’époque même
de sa publication15, l’original de la carte du
Roussillon, conservé par la Bibliothèque nationale
de France, présentant au dos l’annotation
suivante, non signée: Cette carte des Pyrénées
répond bien mal et au but du gouvernement
[connaître la frontière en prévision d’une
guerre avec l’Espagne] et la réputation de ses
auteurs. Elle ne manque pas de détails, mais
mal rendus [...] C’est un aperçu ou plutôt une
reconnaissance qu’un détail motivé. Les montagnes
y sont à la cavalière et les chaînes mal
rendues16. Mais quoique imparfaite, la carte de
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 26 Roussel et La Blottière, éditée par le Dépôt de
la Guerre, fut largement utilisée par les militaires
français durant les campagnes de la
Révolution et du Premier Empire, les Anglais
faisant même paraître en 1809 une version se
cantonnant au seul versant espagnol.
Mis à part cette dernière carte, il faut
ajouter celle d’Espagne et du Portugal réalisée
par Chanlaire et Mentelle, en 9 feuilles, à une
échelle proche du 1:1.000.000. Sa première
édition, qui porte la date de 1785, avait été faite
sur la base du fameux atlas de López en
essayant de corriger ses nombreuses erreurs
d’après divers documents, à leur tour, guère
plus précis, comme des connaissances du
temps extraites de récits de voyage. Dans un
courrier découvert dans les archives militaires
de Vincennes, Mentelle soulignait lui-même
les imperfections du fond utilisé au départ: Ma
carte d’Espagne fut faite en 1785, ce me semble
[à partir de l’atlas de López]. Il me fut bientôt
démontré que [ce dernier] était un ouvrage
très imparfait puisque les cartes séparées
n’ont pas entre elles une continuité exigible17.
De même, l’auteur souligne qu’un même point
nommé ciudad sur une carte devenait une venta
dans la suivante. Autre exemple fâcheux, tel
point remarquable positionné sur une première
carte une rive se retrouve sur la rive opposée
dans le feuillet suivant… Il soulignait toutefois
que son document final, à l’époque, avait été
considéré par l’ambassadeur d’Espagne comme
[...] ce qu’il connaissait de mieux18. Certes,
peut-être bien que oui, mais dans les faits, les
erreurs de sa carte étaient encore bien nombreuses,
ce que purent constater de visu les
militaires qui s’en servirent, à l’exemple de
cette citation issue d’un rapport de reconnaissance:
Vous remarquerez que ce village que
Lopez et Mentelle placent dans leurs cartes à
une lieue sud de Fortegana en est à une lieue
nord-est [...] Mentelle a fait une autre erreur
aussi grossière que celle-ci à l’égard de la
Puebla de Sancho Perez qui est situé à une
demi lieue sud de Jafra et qu’il est à une lieue
nord de cette ville19.
Aussi comprend-on aisément le peu
d’utilité de ce document, jugé très sévèrement
par les militaires français, à l’exemple de cet
extrait d’un courrier du directeur du Dépôt de
la Guerre: Il m’est revenu que vous trouvez la
carte de Mentelle on ne peut plus mauvaise
; c’est en même temps l’opinion de plusieurs
officiers qui ont eu lieu comme vous de s’en
émouvoir20. En fait, seul le tracé des côtes
était de qualité, leur dessin ayant été réalisé
d’après les cartes dites de Tofiño, reconnues
alors dans toute l’Europe comme de grande
précision21. Ces dernières constituaient en fait
la seule source cartographique fiable touchant
l’ensemble du littoral et à laquelle les militaires
français firent confiance tout au long du conflit22.
Face à ce constat de carence “totale”
en documents cartographiques de qualité, le
Dépôt de la Guerre réagissait très rapidement
en réalisant, en moins de six semaines, une
nouvelle carte de la Péninsule ibérique en 12
feuilles grand aigle, à une échelle proche du
1:500.000, à partir d’une réduction de l’Atlas
de López pour l’intérieur de la Péninsule et
de Tofiño, pour les côtes, le tout complété par
quelques noms absents “du Lopez” et présents
dans la carte de Chanlaire et Mentelle. Dans
les faits, et on peut aisément le comprendre vu
les sources utilisées pour sa conception, cette
nouvelle carte allait, elle aussi, “briller” par sa
piètre qualité24 .
À l’exemple des carences cartographiques
relatives à la Péninsule ibérique, les
renseignements de nature géographique ne
sont alors guère abondants, pour preuve les
sources utilisées quelques années plus tard
par Conrad Malte-Brun pour rédiger le chapitre
consacré à l’Espagne de son Précis de
Géographie universelle. En plus des écrits du
géographe espagnol Sebastián de Miñano y
Bedoya, on ne relève qu’un tout petit nombre
d’auteurs, à savoir par ordre d’importance,
quelques ouvrages signés par des Français:
le Guide du voyageur en Espagne (1823) de
Bory de Saint-Vincent, dont nous avons déjà
parlé —l’Itinéraire descriptif de l’Espagne et tableau
élémentaire des différentes branches de
l’administration et de l’industrie de ce royaume
(1808) d’Alexandre de Laborde, qui constituait,
au début de l’invasion napoléonienne,
“La” source consultée—- le Nouveau Voyage
en Espagne (1789) de Jean-François Bourgoing
- et les Excursions dans les Iles Baléares
(1826) de Jacques Cambessèdes. On note
en plus deux géographes allemands, Charles
August Fischer25 et un certain Reichard26 (Guide
du voyageur en Europe) —deux naturalistes,
le danois Schow et son collègue anglais
Bowles27 —enfin, trois auteurs espagnols
(en plus de Miñano), l’académicien don José
Cornide, don Juan Agustino Cean Bermudez
et don Mariano de la Cabrerizo. Soit un total
de douze auteurs référencés, ce qui apparaît
vraiment minime par rapport aux 118 pages
consacrées au Royaume d’Espagne dans la
quatrième édition de son ouvrage, datant de
183628 .
Ce constat de carences en sources
écrites de première main et de qualité caractérise
toute la période de l’occupation française en
Espagne ; ainsi, Sanson, le directeur du Dépôt
français de la Guerre, ne cessa d’envoyer à
son subordonné Chabrier, responsable du BuV
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 27
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 28 reau topographique d’Espagne, mis en place
par le corps français d’occupation, des listes
d’ouvrages espagnols mais aussi portugais à
acheter si possible dans les librairies madrilènes:
Si vous savez qu’il ait paru quelques articles
bons à avoir, je m’en rapporte à votre zèle
pour vous les procurer29. Dans les faits, faute
de moyens financiers, Chabrier ne put répondre
à ses attentes.
Un Texte ·Classique” dans sa Structuration
En premier lieu, il est vrai, le plan
demeure classique pour l’époque et reprend
alors les “canons” de la géographie allemande.
Il s’agit de nommer, situer, décrire l’étendue et
la population, les montagnes, les productions,
puis la topographie des provinces et des villes;
et au final, les habitants, [...] sous le rapport
physique, moral, religieux et politique30.
Un cadre physique rapidement dépeint
Ainsi, on trouve en introduction 20
pages consacrées au cadre physique de la
Péninsule ibérique. Si les connaissances relevant
du domaine de la géographie physique ne
constituent pas le point fort de Malte-Brun31, il
dispose toutefois pour ce chapitre des travaux
alors tous récents du meilleur connaisseur
“européen” de ce domaine, Bory de Saint-
Vincent, naturaliste et cartographe; en tant
qu’officier d’état-major, ce dernier a parcouru
la presque totalité de la péninsule ibérique
dans les bagages des armées napoléoniennes,
entre 1808 et 1813. Entre autres apports
fondamentaux, Bory de Saint-Vincent, comme
l’ont bien montré les travaux récents de Juan
Carlos Castañón et Fransisco Quirós, a été le
premier géographe à détailler de façon précise
la physionomie des deux grands plateaux
centraux ibériques, la Vieille Castille et la Jeune
Castille, apportant [...] une explication qui
ajoute à sa description une valeur interprétative32.
Et contrairement peut-être à d’autres espaces
géographiques, le contenu naturaliste,
quoique limité en volume, y apparaît de qualité,
Malte-Brun superposant au découpage
de Bory, basé sur les grands bassins hydrographiques,
une spatialisation plus détaillée
destinée [...] à répondre plus rigoureusement
aux questions relatives aux phénomènes que
présente la végétation de cette contrée33, empruntée
cette fois-ci à un botaniste danois,
Schow.
Un portrait contrasté du peuple espagnol
À ce tableau physique succèdent 12
pages d’éléments sur les peuples ayant occupé
jadis la péninsule, suivies ensuite de quelques
courtes considérations sur la superficie
du pays, la grande diversité de ses provinces
et de ses habitants (le Castillan est grave, sévère,
orgueilleux et insouciant —l’Aragonais,
attaché à ses antiques coutumes et enthousiaste
de son pays —etc.). L’auteur trace
en fait un portrait contrasté du peuple espagnol
considéré en masse, soulignant son noble
orgueil de l’honneur et de la probité ainsi que
sa courageuse et longue résistance contre
l’invasion française. Si Anne Godlewska considère
que l’auteur ne cherche pas à comprendre
[comment] marchent les sociétés ni
les différences entre-elles34, nous ne pouvons
nous inscrire dans cette affirmation. Ainsi, par
exemple, il prend la défense du paysan espagnol,
rendu responsable par les étrangers de
l’état arriéré de l’agriculture, en dénonçant ses
dures conditions du labeur: Les hommes qui
supportent tant de fatigues pour un modique
salaire méritent-ils l’épithète de nonchalants
ou de paresseux?35.
De même, alors qu’Anne Godlewska
nous dépeint un Conrad Malte-Brun profondément
religieux (adepte du créationnisme
et admirateur du très catholique Cuvier) et
conservateur du point de vue politique, nous
découvrons un personnage différent. Prenons
par exemple son explication de la “sorte
d’aversion” du peuple espagnol pour les [...]
nouveautés dont l’utilité ne lui est pas démontrée36.
Les raisons avancées par l’auteur,
pour expliquer en quelque sorte ce retard
intellectuel, sont multiples. En premier lieu,
l’omnipotence du culte catholique constituerait
un handicap sérieux: Doué d’un esprit pénétrant,
le peuple espagnol aurait excellé dans
la culture des sciences si l’Inquisition n’eût
comprimé l’impulsion dont il se sentait animé
pour la philosophie naturelle [...] Ce royaume,
arriéré des autres États de l’Europe de plus
d’un demi siècle dans toutes les sciences, ne
peut citer, hors du domaine de la littérature,
que des jurisconsultes habiles, des médecins
instruits, des botanistes distingués, quelques
bons mathématiciens et des théologiens inutilement
profonds37. Malte-Brun, originaire d’un
pays protestant, ne manque pas de distiller
tout au long de ses écrits quelques piques sévères
envers la religion catholique, telle cette
description du célèbre Mont Serrat (Catalogne),
comptant pas moins de 14 ermitages sur
ses versants: C’est là qu’Ignace de Loyola
préluda aux grandes destinées auxquelles il
se croyait appelé en consacrant son épée à la
Vierge38. Du même ordre, l’auteur signale que
le trésor de la cathédrale de Saint-Jacques de
Compostelle s’avère fort modeste et que la
statue du même saint n’est pas en or massif
mais simplement dorée. Notons encore une
description très irrévérencieuse du monastère
de l’Escurial, consacrée à Saint Laurent, mort
V
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 29
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 30 grillé vif: Au moment de perdre la bataille de
Saint-Quentin, en 1557, Philippe, tout tremblant,
ne sachant à quel saint se vouer, promit,
si la fortune changeait de face, d’élever
le plus magnifique des couvents du monde en
l’honneur du bien heureux dont le nom figurait
ce jour-là dans le calendrier. Il se trouva que
c’était saint Laurent [...] Cette idée bizarre a
fait élever aux angles du bâtiment 4 tours hautes
de 260 pieds, qui représentaient les pieds
du grill ; l’appartement destiné au roi en est le
manche, et les 11 cours carrées qui divisent
l’intérieur sont les espaces compris entre les
barreaux du Gril. Cette merveille de l’Espagne
[...] est le séjour le plus majestueusement triste
que l’on puisse voir39. Entre autres.
Un texte engagé politiquement mais à l’analyse
non misérabiliste
En second lieu, ce retard espagnol
serait de même étroitement associé au
mode d’organisation politique. À l’exemple de
tous ses confrères libéraux contemporains,
opposés aux monarchies absolues40, l’auteur
s’élève contre l’absolutisme d’un Ferdinand
vii rétablissant l’Inquisition, exilant les Cortès
et abolissant la loi salique sur son lit de mort.
Enfin viennent s’ajouter quelques remarques
supplémentaires sur une administration déficiente
(en particulier le service des douanes)
et des réglementations d’un autre âge, telles
les ordonnances relatives à la Mesta, favorisant
l’élevage extensif des moutons au détriment
des cultures agraires (et supprimée en
1836): Ces bergers, presque aussi durs que
leurs mérinos, exercent un véritable despotisme
sur les terres qu’ils parcourent [...] On
attribue avec quelque raison la dépopulation
de certaines provinces et la décadence de
l’agriculture à ces migrations41.
Signalons toutefois le fait que le texte
de Malte-Brun se dénote fortement des écrits
de la fin du XVIIIe siècle en ne versant pas
dans le misérabilisme habituel. La description
du Royaume, province par province, présente
un pays fertile tant en céréales qu’en fruits, légumes
ou vin et ce, hormis les deux Castilles
(Vieille et Nouvelle Castille). Cette affirmation
fut ensuite reprise avec encore plus de force
par Théophile Lavallée, continuateur de Malte-
Brun pour l’édition de 1869: L’Espagne est
un des pays les plus naturellement fertiles de
l’Europe ; ses parties même les plus sèches
ont un bon sol et produisent spontanément;
mais il est peu de contrées plus mal cultivées;
plus d’un tiers des terres cultivables est en friche42.
L’industrie et le commerce y sont développés,
contraints néanmoins par le manque
de voies de communication ou le médiocre
état du réseau existant. Quant aux ressources
minières, nombreuses (or, argent, plomb),
elles demandent juste une meilleure mise en
valeur. De même, le texte souligne l’existence
d’un grand nombre d’universités de qualité
(Salamanque, Saint-Jacques de Compostelle,
Valence, Saragosse, Séville, etc.), Madrid se
singularisant toutefois par des établissements
médiocres [...] ne méritant pas les honneurs
d’une mention détaillée. Seul manque un
gouvernement éclairé pour faire de l’Espagne
[...] une des plus florissantes et des plus riches
contrées de l’Europe44.
Malte-Brun, un géographe de cabinet
À la lecture des descriptions très détaillées
des provinces et principales grandes
villes, dans un premier temps, nous pensions
que l’auteur avait visité une grande partie de
l’Espagne. Or, on ne signale pour Malte-Brun
que quelques voyages en Allemagne et dans
les pays nordiques. L’auteur, dans la grande
tradition française du XVIIIe siècle, représente
le géographe de cabinet par excellence,
capable, grâce à sa grande érudition et ses
talents littéraires indéniables, de produire une
synthèse d’une qualité telle qu’elle semble par
moment découler d’une observation directe.
Ainsi, il consacre trois pages à la corrida telle
qu’elle se pratiquait alors avec son cortège de
chevaux éventrés, passages qui valent bien la
relation qu’en fait Théophile Gautier dans son
célèbre Tras los Montes - Voyage en Espagne,
1840: Tourmenté par le fer et par le feu,
le taureau rugit, bondit, tourne, recule, et se
prépare à combattre avec une fureur désespérée,
quand les trompettes sonnent sa dernière
heure [...] Dans ces représentations, qui,
toutes solennelles qu’elles sont, ne donnent
point à l’étranger une haute idée de la civilisation
espagnole, le public n’est complètement
satisfait que lorsque 9 ou 12 taureaux et une
vingtaine de chevaux ont succombé, et comme
le dit un savant qu’un long séjour en Espagne
rendit souvent témoin de ces combats,
il n’y manque rien si quelque matador y a perdu
la vie45.
De même, le lecteur se laisse véhiculer
sans mal par un auteur capable de souligner
toute la grandeur du passé tant romain
que maure pour mieux dénoncer l’ignorance
et la barbarie qui ont conduit à détruire trop
de monuments, reflets de ces temps glorieux.
Par exemple, il signale pour Grenade le peu
d’intérêt des monuments construits après la
reconquête par rapport à ceux [...] qu’elle doit
au génie et luxe des Arabes, condamnant de
la sorte les dommages causés à l’Alhambra
originel.
Ce flou quant à la nature exacte de
l’auteur des descriptions découle directement
V
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 31
du système défectueux d’indication des sources.
Comme le souligne Numa Broc, il est
courant à l’époque de plagier “allègrement”
sans citer ses sources, ce que nous avons
nous même démontré dans le cas de Malte-
Brun pour son chapitre de la Géographie
universelle consacré au Mexique: le célèbre
Essai politique sur le Royaume de la Nouvelle-
Espagne (1811) de Humboldt est repris,
parfois à la ponctuation près, sur plus de 100
pages, la référence au véritable auteur de ses
lignes n’apparaissant dans le texte qu’environ
toutes les 20 pages46 .
Notons que ce même Malte-Brun dénonce
dans ces pages consacrées à l’Espagne
le plagiat des travaux de Bory de Saint-Vincent
par un géographe espagnol, ce qui ne manque
par d’air ! Voyez aussi le Diccionario de España
y Portugal, por el doctor don Sebastian
de Miñano, 10 vol., in 4°, 1826. L’auteur de
ce savant ouvrage a, dans son article Espagne,
traduit littéralement, jusque dans ses détails,
la division adoptée par M. Bory de Saint-
Vincent, ainsi que son aperçu de la Péninsule
sous les Romains et pendant le moyen âge.
C’est sans doute sans intention que le géographe
espagnol a omis d’annoncer à quelle source
il avait puisé. Quand on est si riche de ses
connaissances, il y a du mérite à emprunter
aux autres. Nous ne faisons cette observation
que pour éviter que par la suite les Espagnols
n’attribuent à un de leurs compatriotes la
description fidèle qu’un Français a donnée de
l’Espagne, et ne prétendent dépouiller un de
nos savants; comme ils ont fait à l’un de nos
plus habiles romanciers47.
Enfin, Malte-Brun n’oublie pas de réaliser
un tableau militaire des lieux décrits, soit
l’état des fortifications, des ports, des arsenaux,
etc. Les épisodes napoléoniens sont bien
présents au fil des pages mais on ne relève
pas de forte rancoeur : s’il reconnaît la responsabilité
des Français dans la dévastation
de nombreuses villes (Taragone, Saragosse)
et la ruine de l’économie espagnole durant la
période de l’occupation, il ne développe pas
directement de couplets vengeurs sur le comportement
des partisans espagnols durant cet
âpre conflit48. Mais à travers la présentation de
la corrida et par le biais d’une remarque à notre
sens guère anodine sur la place madrilène
de la Cevada, fréquentée avec le plus grand
plaisir par le peuple car siège des exécutions
criminelles, Malte-Brun dénonce le goût supposé
des Espagnols pour le sang versé.
Au final, l’auteur trace un tableau joliment
imagé (de longs passages sur la description
du monde paysan, sur la “moralité”
des Espagnoles, etc.) et contrasté mais finalement
optimiste, ce qui est novateur, le Royaume
d’Espagne pêchant principalement par son
mode de gouvernement et d’administration.
D’un point de vue plus général, sa
Géographie Universelle connut par la suite
de nombreuses rééditions (complétées et expurgées
par différents continuateurs tels Cortambert
ou Lavallée49) jusqu’à être poussée
dans les oubliettes de la géographie française
par les travaux d’Élisée Reclus, grande figure
française de la géographie européenne des
années 1860-1905.
Conclusions
L’idée de cette petite recherche nous
était venue après avoir pris connaissance de
la citation suivante, attribuée selon les auteurs
à Karl Marx ou encore au botaniste Moritz
Willkomm: Aucun pays, sauf la Turquie, n’est
aussi mal connu ni aussi mal jugé du reste de
l’Europe50. Aussi, interpellé en tant que géographe,
nous semblait-il pertinent de découvrir
l’attitude de nos prédécesseurs français du
XIXe siècle envers cet important pays européen.
Comme nous avons pu modestement le
montrer et même si les travaux consacrés à
l’Espagne restent très marqués par la collecte
d’informations de seconde main, on ne peut
pas dire que les géographes français ont alors
ignoré ce pays.
À notre sens, les textes de Malte-Brun
marquent le passage d’une simple géographie
descriptive à une géographie explicative, à
travers l’analyse critique de la situation économique,
politique et intellectuelle du pays, dans
la lignée du célèbre cliché, véhiculé jadis par
les historiens français, comparant l’Espagne
du XIXe siècle à l’Afrique du Nord. Cette rhétorique
du “retard espagnol”, véhiculée par
l’intelligentsia française, découle de la combinaison
de multiples facteurs, à savoir une
méconnaissance de la Péninsule ibérique, le
souvenir quelque peu traumatisant du conflit
de 1808-1814, ainsi qu’une certaine incompréhension
politique avec le rejet des positions
très conservatrices de la monarchie espagnole.
Toutefois, dans le détail, ce constat s’avère
variable selon les provinces, avec par exemple
un fort développement économique en Catalogne
pour la seconde partie du XIXe siècle.
Ces écrits demeurent néanmoins
fortement datés. Tout d’abord, l’influence du
mouvement romantique est largement présente
dans ces textes géographiques à l’exemple
de tous les ouvrages de cette même époque
traitant de l’Espagne, comme le souligne
l’historien Bartolomé Bennassar: Au début du
XIXe siècle, après 50 ans de rapides progrès,
l’invasion napoléonienne [...] étouffa l’essor
économique et produisit une Espagne malade
où le seul itinéraire de l’ascension sociale reISSN
1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 32 devint la conquête du pouvoir. Dans un pays
coiffé d’une monarchie infantile ou frivole, le
pronunciamento, et la guerre civile sont les
dernières chances évidentes d’une réputation
rapide et l’armée le véhicule naturel du
pronunciamento: voici le triste XIXe siècle où
l’Espagne s’abaisse au dernier rang des nations
européennes, où les Espagnols sont ravalés
à la condition de vestiges pittoresques
propres à susciter les émotions romantiques51 .
Ensuite, le grand nombre de “clichés”
(topicos) présents dans les textes étudiés peut
surprendre le néophyte. Signalons toutefois
que les géographes français de cette époque
ne sont eux-mêmes guère “tendres” avec leurs
concitoyens. Ainsi, l’analyse des composantes
nationales fait la part belle aux jugements à
l’emporte pièce, avec par exemple chez Malte-
Brun, un Corse oisif, vindicatif à l’excès, colérique
et qui ne s’arrête plus [...] dès qu’il a plongé
sa main dans le sang. Alors, ce n’est plus
un homme, c’est une véritable bête sauvage52.
De même, en cela, notre auteur ne se démarque
guère des écrits de l’époque, à l’exemple
des récits de voyageurs qui comportent immanquablement
de longs passages, province
par province, sur les traits et les moeurs supposés
de la “race locale”53.
Enfin, le bilan réalisé pour la corporation
des géographes français demeure encore
très incomplet. On trouve en effet durant ce
premier quart du XIXe siècle une abondante
production écrite due à la corporation des
géographes “amateurs”, à savoir les membres
des nombreuses sociétés locales de géographie.
Ces associations rassemblent alors près
de 20.000 membres, recrutés principalement
parmi les élites provinciales (instituteurs, percepteur,
rentiers, ingénieurs des mines, des
Eaux et Forêts, officiers d’active ou à la retraite,
etc.). La plupart d’entre elles éditent des
bulletins, à l’exemple de leur grande aînée, la
Société de Géographie de Paris. Reste donc
à réaliser une recherche du même ordre avec
ce type de production géographique, soit un
important travail d’investigation vu l’ampleur
formidable du corpus à étudier.
V
V
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 33
Notas
1 Au nombre de 34 à la fin de ce même siècle La Société de Géographie de l’Est, la Société de Géographie de
Toulouse, la Société de Géographie Commerciale de Bordeaux, etc.
2 Dominique Lejeune, Les sociétés de Géographie en France et l’expansion coloniale au XIXe siècle, Paris, Albin
Michel, 1993, 236 p.
3 Précis de la géographie universelle, ou Description de toutes les parties du monde, sur un plan nouveau, d’après
les grandes divisions naturelles du globe, précédée de l’histoire de la géographie chez les peuples anciens et modernes,
et d’une théorie générale de la géographie mathématique, physique et politique, et accompagnée de cartes, de
tableaux analytiques, synoptiques et élémentaires, Paris, F. Buisson, 1810-1829, 8 vol.
4 Les deux autres Géographies universelles, publiées au XXe siècle, sont par contre des oeuvres collectives: celle
dirigée par Paul Vidal de La Blache et de Lucien Gallois (1927 à 1948), la dernière étant due à l’équipe coordonnée
par Roger Brunet (10 volumes, publiés entre 1990 à 1996).
5 Mentelle, ignorant les langues étrangères, avait intérêt à s’attacher un collaborateur qui les possédait parfaitement
et renouvelait ainsi sa documentation. [De leur rencontre] sort, de 1803 à 1807, une Géographie mathématique,
physique et politique de toutes les parties du monde en seize volumes ; cette vaste compilation, assez obscure [...]
n’en était pas moins le plus complet des traités de géographie “moderne” alors disponible en France ». Numa Broc,
“Un bicentenaire: Malte-Brun (1775-1975)”, Annales de Géographie, n° 466, 1975, pp. 714-720 (p. 715).
6 Attrait pour l’exotisme, curiosité pour l’Europe parcourue par les troupes napoléoniennes, engouement des classes
aisées pour les voyages et le récit des multiples expéditions lointaines des naturalistes, à l’exemple des Humboldt,
Bonpland, de Saint-Hilaire, Boussingault, Dumont d’Urville, etc.
7 Tel Yves Lacoste, à propos de son Précis de géographie universelle, parlant d’une oeuvre “bien moins documentée,
assez énumérative et très conformiste en comparaison de celle du géographe libertaire [Elisée Reclus]”. “Hérodote
et Reclus”, Hérodote, 2005, n° 117, pp. 5-9 (p. 8). À noter qu’il demeure pour le moins surprenant de comparer deux
textes que près d’un demi-siècle sépare.
8 Numa Broc, “Un bicentenaire: Malte-Brun (1775-1975)”, op. cit.
9 Anne Godlewska: “L’influence d’un homme sur la géographie française: Conrad Malte-Brun (1775-1826)”. Annales
de Géographie, n° 558, 1991, pp. 191-206.
10 Ibid, p. 192.
11 Conrad Malte-Brun, “Note sur un ouvrage manuscrit et inédit du chevalier Chardin, auteur des Voyages en Perse,
etc.” Annales des voyages, de la géographie et de l’histoire ou Collection des voyages nouveaux les plus estimés,
1812, p. 393.
12 Jean-Yves Puyo, “Les militaires français et la “barrière pyrénéenne” : construction et permanence du mythe”, in
Géographie et géographie historique, Ph. Boulanger (dir.), Cahiers du Centre d’Études d’Histoire de la Défense, n°
36, 2009, 213 p. (pp. 69-89).
13 Jean-Yves Puyo, “Faceries et rectifications frontalières: le cas de la forêt d’Iraty”, op. cit.
14 On peut citer par exemple une belle Carte des frontières des Pyrénées depuis la vallée de Barèges jusqu’à
l’Océan, datant de janvier 1793 ; Article 4, section 1, sous-section 6, carton 2 (SHD). Cf. Jean-Yves Puyo, “La géographie
militaire française et les Pyrénées: “des cartes aux hommes” (XVIIIe-XIXe)”, op. cit.
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 34 15 Les relevés avaient été réalisés au 1:36.000, soit pour le résultat final, une réduction au 1:6 par apport aux minutes
primitives.
16 Cité par Monique Pelletier, Les cartes des Cassini - la science au service de l’Etat et des régions, Paris, CTHS,
2002, 338 p. (p. 112).
17 Courrier de Mentelle à Sanson, 5 octobre 1808 ; 3 M 355 (SHD).
18 Ibidem.
19 Sinety, officier de cavalerie légère, Quelques notes prises en courant dans les montagnes de la Sierra Morena,
avec l’itinéraire de Briqueros à Frejenal en Andalousie, manuscrit non daté, période napoléonienne ; 1 M 1341
(SHD).
20 Courrier de Sanson au général Guillemot, 5 octobre 1808 ; 3 M 355 (SHD).
21 El proyecto dirigido por Tofiño fue una empresa científicamente ambiciosa que combinó operaciones terrestres y
marítimas, traingulaciones y mediciones geodésicas y astronómicas, alcanzando, entre otros logros, el avance en el
conocimiento de la superficie peninsular. Elia Canosa Zamora & Angela García Carballo, “Cartografía del territorio
español en el siglo XVIII”, in Madrid 1808 - Guerra y territorio - Mapas y planos 1808-1814, op. cit., pp. 37-66 (p. 57).
22 Pour plus de développement sur les déficiences de la cartographie espagnole au début du XIXe siècle,se référer
à l’article de Juan Carlos Castañón et Francisco Quirós, “La contribución de Bory de Saint-Vincent (1778-1846) al
conocimiento geográfico de la Península Ibérica - redescubrimiento de una obra cartográfica y orográfica olvidada”,
Eria, n° 64-65, 2004, pp. 177-205.
23 Courrier de Sanson au général Guillemot, 5 octobre 1808 ; 3 M 355 (SHD).
24 Le directeur du Bureau topographique d’Espagne ne manqua alors pas de souligner ce fait dans sa correspondance
avec le Dépôt, ce qui lui fut reproché vivement par ses supérieurs. Courrier de Chabrier à Muriel, 18 juillet 1809 ;
3 M 355 (SHD).
25 Le Gemälde von Valencia de Christian August Fischer (1803), publié en français en 1804 par la Bibliothèque
universelle des Voyages.
26 En fait, sûrement Richard, Guide du voyageur en Espagne et en Portugal par Richard de Jean-Marie Vincent,
publié en 1828.
27 Géographie Physique de l’Espagne, 1754, traduction de Flavigny en 1776.
28 Conrad Malte-Brun, Précis de la Géographie Universelle, Paris, Aimé André, 4° édition, 1836, tome VII, 884 p.
29 Courrier de Sanson à Chabrier, 31 août 1811 ; 3 M 355 (Services Historiques de la Défense – château de Vincennes).
30 Malte-Brun cité par Anne Godlewska, ibid., p. 202.
31 On a remarqué, en particulier, que les connaissances de Malte-Brun en géologie et en histoire naturelle étaient
souvent insuffisantes alors qu’il excelle dans les parties purement descriptives. Incontestablement, sa tournure
d’esprit est plus littéraire que scientifique et il se méfie des systèmes et par dessus tout des “rêves géologiques.
Numa Broc, “Un bicentenaire : Malte-Brun (1775-1975)”, op. cit., p. 719.
32 Juan Carlos Castañon et Fransisco Quirós, “Bory de Saint-Vincent et les progrès de la cartographie et de la connaissance
orographique de la péninsule ibérique au début du XIXe siècle”, Le Monde des cartes, n° 180, pp. 36-56
(p. 42).
33 Conrad Malte-Brun, Précis de la Géographie Universelle, Paris, Aimé André, 4° édition, 1836, t. VII, 884 p. (p.
501).
34 Anne Godlewska, “L’influence d’un homme sur la géographie française: Conrad Malte-Brun (1775-1826)”, op. cit.,
p. 200.
35 Conrad Malte-Brun, Précis de la Géographie Universelle, op. cit., p. 578.
36 Ibid., p. 574.
37 Ibid., p. 575.
38 Ibid., p. 603.
39 Ibid., p. 622.
40 Tel Germain Sarrut, “représentant à l’Assemblée constituante (de 1848)”, qui termine ainsi la narration de la funeste
intervention des troupes françaises en 1823 pour restaurer une monarchie absolue au profit de Ferdinand VII: La
France ne retira de cette guerre que le mépris de l’Espagne et un redoublement de haine pour le nom des Bourbons.
Histoire de la France, de 1792 à 1851, Paris, Gabriel Roux, 1852, 452 p. (p. 293).
41 Conrad Malte-Brun, Précis de la Géographie Universelle, op. cit., p. 582.
42 Conrad Malte-Brun, Précis de la Géographie Universelle, refondue et mise au courant de la science par Lavallée,
Paris, Furne, Jouvet & Cie, 1869, tome I, 722 p. (p. 445).
43 Conrad Malte-Brun, Précis de la Géographie Universelle, op. cit., p. 620.
44 Ibid., p. 657.
45 Ibid., p. 618.
46 Jean-Yves Puyo, “L’expédition du Mexique, 1862-1867 : apports cartographiques et géographiques”, Le Monde
des cartes, n° 180, 2004, pp. 57-70.
47 Conrad Malte-Brun, Précis de la Géographie Universelle, op. cit., p. 487.
V
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 35
48 Historiens et militaires français ont longuement dépeint la sauvagerie des combats de guérilla, à l’exemple du
Général Marbot, dénonçant l’assassinat de soldats avant le début du conflit par des Espagnols désirant s’entretenir
la main. Mémoires - Madrid, Essling, Torrès-Védras, Paris, Librairie Plon, réédition de 1894, tome II, 495 p. (p. 4).
49 Celui-ci explique dans la préface que l’ouvrage a «vieilli», qu’il le corrige et le complète avec pour idée de
[...] chercher les rapports mystérieux qui existent entre l’homme et le sol et par l’étude rationnelle de la terre, expliquer
les destinées et les révolutions des peuples; pensée féconde qui fait de la géographie non plus une science
élémentaire, mais une science philosophique. Géographie universelle de Malte-Brun, entièrement refondue et mise
au courant de la science par Th. Lavallée, Paris, Furne et Cie, 1855-1858 - 6 vol.
50 Attribué à Karl Marx par Max Gallo, Histoire de l’Espagne franquiste, Verviers, Marabout Université, 1969, tome I,
267 p. (p. 17). Indiqué aussi comme de Moritz Willkomm par Nicolás Ortega Cantero et Jacobo Garcia Alvarez, «La
vision de España en la obra de Elisée Reclus», cf. Actes du colloque Elisée Reclus et nos géographies. Textes et
prétextes, Lyon, 6-9 septembre 2005.
51 Bartolomé Bennassar, L’Homme espagnol - attitudes et mentalités du XVIe au XIXe siècle, Paris, Éditions Complexes,
troisième édition, 2003, 251 p. (p. 105).
52 Malte-Brun, Géographie universelle illustrée par Gustave Doré, Paris, Gustave Barban, date d’édition inconnue,
tome I, p. 19.
53 Cf. les ouvrages d’Ana Clara Guerrero (Viajeros británicos en la España del siglo XVIII, Madrid, Aguilar Major,
1990, 487 p.) et de Bartolomé et Lucile Bennassar, Le voyage en Espagne - anthologie des voyageurs français et
francophones du XVIe au XIXe siècle, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1998, 1276 p.
Bibliografía
Barbara Loyer, «La nation et les peuples qui la composent: une vision géopolitique de l’Espagne», Hérodote, 2005,
n° 117, 217 p.
Berdoulay Vincent, La formation de l’école française de géographie, Paris, CTHS, deuxième édition, 1995, 253 p.
Berdoulay Vincent, Des mots et des lieux: la dynamique du discours géographique, Paris, éditions du CNRS, 1988,
106 p.
Bennassar Bartolomé & Lucile, Le voyage en Espagne - anthologie des voyageurs français et francophones du XVIe
au XIXe siècle, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1998, 1276 p.
Bennassar Bartolomé, L’Homme espagnol attitudes et mentalités du XVIe au XIXe siècle, Paris, Editions Complexes,
troisième édition, 2003, 251 p.
Blais Hélène & Isabelle Laboulais, «Les figures de la géographie moderne: fragmentation et régularités», in Géographies
plurielles - les sciences géographiques au moment de l’émergence des sciences humaines (1750-1850), H.
Blais & I. Laboulais (dirs.), Paris, L’Harmattan, coll. Histoire des sciences humaines, 2006, 345 p. (pp. 9-60).
Broc Numa, « Un bicentenaire : Malte-Brun (1775-1975) », Annales de Géographie, n° 466, 1975, pp. 714-720.
Castañón Juan Carlos & Francisco Quirós, «Bory de Saint-Vincent et les progrès de la cartographie et de la connaissance
orographique de la péninsule ibérique au début du XIXe siècle», Le Monde des cartes, n° 180, 2004, pp. 36-56.
Castañón Juan Carlos & Francisco Quirós, «La contribución de Bory de Saint-Vincent (1778-1846) al conocimiento
geográfico de la Península Ibérica - redescubrimiento de una obra cartográfica y orográfica olvidada», Ería, n° 64-65,
2004, pp. 177-205.
Castañón Juan Carlos & Jean-Yves Puyo, «La cartografía realizada por el ejército napoleónico durante la guerra de
la Independencia», in Madrid 1808 - Guerra y territorio - Mapas y planos 1808-1814, edición del Museo de Historia,
Madrid, 2008, 247 p. (pp. 67-108).
Castañón Juan Carlos, Jean-Yves Puyo & Francisco Quirós, «La herencia cartográfica y el avance en el conocimiento
geográfico de España», in Madrid 1808 - Guerra y territorio - Mapas y planos 1808-1814, ibid., pp. 108-127.
Ferras Robert, Les Géographies Universelles et le monde de leur temps, Montpellier, Maison de la Géographie, collection
Reclus Modes d’Emploi, n° 14, 1989, 94 p.
ISSN 1133-598X · Vegueta·12/2012 · página 36 Godlewska Anne, «L’influence d’un homme sur la géographie française: Conrad Malte-Brun (1775-1826)», Annales de
Géographie, n° 558, 1991, pp. 191-206.
Godlewska Anne, French geographic science from Cassini to Humboldt, Chicago, University of Chicago Press, 1999,
444 p.
Guerrero Ana Clara, Viajeros británicos en la Espana del siglo XVIII, Madrid, Aguilar Major, 1990, 487 p.
Laboulais-Lesage Isabelle, «Les géographes de l’Encyclopédie méthodique», in L’Encyclopédie méthodique (1782-
1832). Des Lumières au Positivisme, Cl. Blanckaert & M. Porret (dirs.), Genève, Droz, 2005, 830 p. (pp. 185-211).
Lacoste Yves (dir.), Elisée Reclus, un géographe libertaire, numéro spécial d’Hérodote, 1981, n°22, 159 p.
Malte-Brun Conrad, «Discours préliminaire sur la nature et le but de cet ouvrage», Annales des voyages, de la géographie
et de l’histoire, 1807, pp. 1-16.
Malte-Brun Conrad, Précis de la Géographie Universelle, Paris, Aimé André, 4° édition, 1836, t. VII, 884 p.
Pinchemel Philippe, Marie-Claire Robic & Jean-Louis Tissier, Deux siècles de géographie française - choix de texte,
Paris, CTHS, 1984, 380 p.
Ortega Cantero Nicolás & Jacobo García Álvarez, «La visión de España en la obra de Élisée Reclus: imagen, geográfica
y proyección política y cultural», Ería, n° 69, 2009, pp. 35-56.
Reclus Élisée, Nouvelle Géographie Universelle - La Terre et les Hommes, Paris, Librairie Hachette, 1876, tome I,
1012 p.
Reclus Élisée, L’Homme et la Terre, Paris, Librairie Universelle, 1905, Tome V, 574 p.
Vicente Mosquete María Teresa, «La aportación de la geografía al pensamiento anarquista: Eliseo Reclus y España»,
in Hofmann B., Joan i Tous P., & Tietz M. (eds.), El anarquismo español y sus tradiciones culturales, Frankfurt am
Main-Madrid, Vervuert-Iberoamericana, 1995, pp. 393-408.
Vicente Mosquete María Teresa, Eliseo Reclus: la geografía de un anarquista, Barcelona, Los libros de la Frontera
(Realidad Geográfica, 5), 1983, 304 pp.
Vicente Mosquete María Teresa, «Élisée Reclus et la géographie espagnole», Revue Belge de Géographie, t. 110, nº
1, 1986, pp. 128-134.
Vicente Mosquete María Teresa, «La concepción de la Geografía a principios de siglo en España. La recepción del
pensamiento de Eliseo Reclus», in V Coloquio Ibérico de Geografía, León, Universidad de León, 1991, pp. 95-101.